Quels leurres pour la truite en début de saison ?

Pour pêcher la truite à l’ouverture et en début de saison, il me semble impératif d’utiliser des leurres capables de pêcher en profondeur et de s’y maintenir, malgré le courant puissant de surface et les turbulences. En conséquence, après vous avoir présenté les postes clefs où pêcher la truite en début de saison, voyons ensemble les leurres incontournables à utiliser.

Les poissons-nageurs coulants

Un poisson nageur coulant

Le D-Concept 48 MD de chez Smith, un poisson nageur coulant

Je vous recommanderai les poissons-nageurs à flancs plats, principalement des modèles de chez Smith : D-ContactD-CompactD-Concept 48 MD… Ces modèles valent entre 18 et 21 €, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Un seul exemplaire peut suffire.

Sur quels postes ?

Les veines d’eau rapides et puissantes lui conviennent à merveille. Il résistera d’autant plus à la puissance du flot si ses flancs sont aplatis. Mais c’est également un modèle à sortir pour explorer une fosse profonde et de belle dimension.

Quelles animations ?

  • Dans le cadre d’une veine d’eau puissante, surtout en rivière moyenne à grande, par des lancers en travers ramenés canne basse et en récupération continue au moulinet.
  • Pour une fosse, par une animation saccadée faite de courtes tirées latérales de la pointe de la canne pour le désaxer.

Le Powertail

Ce leurre est d’une conception unique. Les poissons-nageurs ont généralement une bavette sur le devant qui détermine leur profondeur de nage. La seule exception était jusqu’à maintenant le lipless crankbait, qui dispose d’un méplat sur le dessus faisant office de bavette. Le Powertail possède quant à lui, une bavette plastique mobile en queue qui génère l’oscillation latérale du leurre. Sa seconde spécificité est qu’il est disponible en trois densités différentes permettant trois vitesses d’animations différentes, et en trois tailles.

30 mm

38 mm

44 mm

Résine (slow)

2,40 gr

3,80 gr

6,00 gr

Zinc (fast)

4,80 gr

6,40 gr

10,00 gr

Plomb (x-fast)

8,00 gr

12,00 gr

18,00 gr

Vous choisirez les modèles en fonction du profil de vos cours d’eau. Comme je pratique principalement en ruisseau et petite rivière. J’ai retenu les modèles de 30 mm (en résine et zinc) et uniquement en résine pour le 38 mm.

Sur quels postes ?

Le Powertail convient à merveille pour pêcher les veines d’eau puissantes, comme celles à l’aval d’une cascade. Mais aussi, pour pêcher la cassure juste au moment d’une rupture de pente. Vous pourrez également l’utiliser dans une fosse profonde. C’est un leurre qui coule très vite vers le fond, sans opposer de résistance importante.

Quelles animations ?

La première animation possible est un simple lancer-ramener comme avec une cuillère tournante par une récupération continue au moulinet. En eau claire à limpide, il est facile, avec une paire de lunettes polarisantes, de détecter la présence d’une pierre et de basculer son Powertail derrière elle en abaissant la pointe de sa canne. Le mouvement est amplifié si dans le même temps vous arrêtez momentanément la récupération. Là, vous opérerez de l’amont vers l’aval.

Une variante, à utiliser dans une grande rivière, consiste à lancer un quart amont vers la rive opposée, et de le récupérer en faisant en sorte de couper les diverses veines d’eau. Au lancer suivant, avancer d’un pas vers l’amont. J’utilise cette approche quand je ne peux malheureusement pas pratiquer en wading. 

La seconde animation vise à imiter un petit poisson affolé qui tente de fuir. L’action se fera plus sur un plan vertical. Typiquement, dans une fosse je lance plein milieu de la cuvette, à l’endroit le plus profond. J’attends que la ligne se détende preuve que mon leurre a atteint le fond, puis j’opère une tirée franche vers le haut, avant de faire un relâché en accompagnant la descente du Powertail. Une animation aussi possible à l’aplomb d’une falaise bordant une cuvette.

Il a toutes les qualités requises : la densité et le profil. Le Powertail suivra la pente naturelle du lit de la rivière. Et, il saura résister à la violence des flots, sans oublier les vibrations de sa palette qui attirera les truites de loin.

Les poissons-nageurs suspending

 poissons nageurs suspending

Dans cette catégorie, il existe des minnow (modèle effilé), des crankbait (plutôt rondouillard) et les longbill minnow (un mixte des deux premiers). En début, de saison c’est plutôt ce dernier modèle que j’utilise. Et en particulier, le SC Shiner (Daïwa) ou son cousin le Bevy Shad (Lucky Craft) en taille 40 à 50. 

Sur quels postes ?

Je monte un longbill minnow essentiellement pour explorer une veine d’eau profonde pas trop rapide. Idéalement, elle longe une sous-berge, une falaise ou un enrochement avec des anfractuosités. 

Avec quelles animations ?

  • En récupération continue, avec de temps en temps une petite secousse (twitch) qui désaxe le leurre. S’il n’y a pas assez de fond, il est possible de réaliser du “bottom taping”. D’où, son utilisation possible en fin de cuvette si elle est sablonneuse.
  • En abusant de l’effet suspending. Une anecdote pour illustrer mon propos, j’ai réussi à déclencher la touche d’une truite postée dans l’anfractuosité d’un mur. Tout simplement, en laissant immobile devant sa cache pendant plusieurs minutes mon SC Shiner 40. J’avais repéré la truite postée, car elle sortait gober de temps à autre. Il était presque 15 heures et le soleil réchauffait les corps. La truite est sortie d’un seul coup pour taper le leurre, s’en saisir et rentrer aussi sec dans sa cache.  L’absence d’animation peut être payante si la configuration du poste s’y prête.

Les leurres souples

 leurre souple

C’est la seule catégorie de leurres ayant la faculté de pouvoir proposer des imitations réalistes de vers de terre ou d’écrevisses, et bien sûr de petits poissons. Voilà le leurre idéal à avoir pour gratter une fosse ou une veine d’eau pas trop tumultueuse. Si vous voulez en savoir plus, je ne peux que vous inviter à lire mon article sur la pêche de la truite au leurre souple.

Le micro-spinnerbait

 micro spinner bait

Le micro-spinnerbait est équipé d’une unique palette, souvent une Colorado. Cette forme de palette papillonne loin de l’axe, ce qui convient pour une pêche en buzzing proche de la surface mais pas pour pêcher la truite ! Néanmoins, la marque Hart distribue un modèle équipé d’une palette Willow conçue pour pêcher plus creux. Le Hart SB 1.8 pèse environ 4 grammes. J’aime remplacer le triple de série par un hameçon simple sans ardillon. 

Le micro-spinnerbait est dédié habituellement à la recherche de la perche. Mais, ce modèle de chez Hart convient à merveille pour pêcher la truite en petite rivière ou ruisseau. L’animation consiste en un simple lancer-ramener, à vitesse très lente pour que le leurre racle le fond. Du fait que sa conception limite les accrocs, c’est son atout pour passer au plus près des obstacles. Le coût en est modique, le Hart SB 1.8 vaut moins de 6 euros. Néanmoins, si vous êtes un peu bricoleur vous pourrez fabriquer votre propre micro spinnerbait en suivant les conseils d’Emmanuel. 

La cuillère tournante

 cuillère tournante

Il existe deux références célèbres sur le marché, et elles se complètent : la Mepps et la Panther Martin. Ne méprisez pas ce bout de ferraille, manié par des mains expertes, la cuillère est un leurre redoutable. Son domaine d’excellence les veines d’eau brassées, lorsque le flux est divisé en courants secondaires… sans oublier les radiers. 

Trois formes de palettes

  • Ongle, dontle modèle le plus connu est la Mepps Aglia. Elle papillonne loin de son axe ; la moindre vibration la fera tourner, mais si la violence du flot est trop importante elle remontera vers la surface. L’astuce, ralentir la vitesse de récupération, baisser le scion vers l’eau (lorsqu’on pêche en remontant le cours d’eau).
  • Ovaletel que la Mepps Black Fury ou la Panther Martin (photographie). Elle est plus conçue pour pêcher les courants violents et turbulents, où une palette ongle sera en difficulté.
  • Feuille de saule, ainsi appelée parce qu’elle ressemble à la feuille de cet arbre. Elle tourne très près de son axe, donc elle résiste bien au courant rapide. En grande rivière, lancer devant soi et, canne haute, contrôler la dérive vers l’aval en guidant la cuillère devant ou derrière chaque cache.

Mepps ou Panther Martin ?

Pas de choix à faire, il faut se servir des deux. Mepps propose les trois formes de palette, mais la forme du corps faisant office de lest n’est pas très aérodynamique. De plus, pour une même taille de palette, une Panther Martin sera légèrement plus lourde qu’une Mepps. Les Panther Martin se reconnaissent à la forme en goutte d’eau du lest, et à la diversité des coloris parfois très imitatifs (abeille, coccinelle). Mepps a élaboré la XD pour concurrencer Panther Martin.

Taille des cuillères

Le plus petit modèle est le numéro « double zéro » (poids 1.5 gr) qui ne convient guère au début de saison. Je vous conseillerai en ruisseau, la cuillère à partir du numéro « zéro » (poids 2.5 gr), en petite rivière à partir du numéro « un » (poids 3.5 gr), et en grande rivière à partir du numéro « deux » (4.5 gr).

Si je ne devais choisir qu’un type de leurres pour pêcher la truite de l’ouverture à la fermeture, je retiendrais l’indémodable cuillère tournante. C’est le premier leurre que j’accroche au bout de ma ligne, le deuxième samedi de mars.

© Article rédigé par : Franck Labadie

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