Mise au point : notre article sur le sexisme à la pêche

Bonjour tout le monde,

J’aimerais revenir sur certaines réactions qui ont suivi mon article sur le sexisme à la pêche, et plus particulièrement sur la réaction d’Esoxiste qui en a publié un article que vous pouvez lire sur son site.

Tout d’abord, Fishare ainsi que moi-même n’avons jamais revendiqué et ne revendiquons aucunement appartenir à un mouvement féministe quel qu’il soit. Nous ne sommes ni en faveur d’une supériorité du masculin sur le féminin, ni en faveur d’une supériorité du féminin sur le masculin mais pour un traitement égal du masculin et du féminin. En somme, nous nous opposons au sexisme (qui est je le rappelle en citant le Dictionnaire Larousse « une attitude discriminatoire fondée sur le sexe »), et de manière plus générale nous nous opposons à toutes formes de discrimination.

La femme n’est pas toujours « dévalorisée et victime de la méchante société des hommes » (je cite l’article d’Esoxiste) mais parfois elle peut l’être, tout comme des hommes peuvent être dévalorisés voire victimes de certains comportements. Dans l’article, je me concentre sur le domaine de la pêche où l’on peut remarquer que les femmes ne sont pas encore traitées sur Internet de la même manière que les hommes puisque pour obtenir des photos d’hommes dénudés en train de pêcher on doit ajouter le terme « sexy » dans la barre de recherche alors que ceci n’est pas nécessaire pour obtenir des photos de femmes dénudées. Mais dans l’article, je ne me limite pas à cela, je cherche à montrer que la société tend à définir les comportements des hommes et des femmes en fonction de leur sexe et notamment par le biais des médias.

Ainsi, j’ai cité deux médias qui relayaient une image dénudée de la femme : Esoxiste et Topito. À aucun moment je n’ai porté un jugement de valeur sur cette activité et encore moins sur les auteurs des articles. Je n’ai fait qu’énoncer factuellement ce qui se faisait et n’ai jamais pointé du doigt une quelconque personne pour dire que ce qu’elle faisait était bien ou mal. Ce que j’ai cherché à dire dans cet article en prenant appui sur ces deux médias, c’est que l’image première qui venait sur Internet de la femme à la pêche était celle dénudée et non pas celle en train de pêcher. Il semblerait qu’en relayant des images de femmes dénudées ces médias tendent à faire oublier les autres articles traitant des pêcheuses. Je trouve tout simplement dommage que les articles sur celles-ci ne soient pas davantage mis en valeur. Peut-être pourrait-on faire évoluer l’image de la femme à la pêche avec des pêcheuses du mois traitées comme l’égal de l’homme ? Car nommer les photos de femmes dénudées à la pêche comme « pêcheuses du mois » n’est-ce pas se tromper dans les termes ? Pour qualifier ce genre de photos ne faudrait-il pas plutôt parler, par exemple, des « pin-up » du mois ?

 

guillemets ouverts

Il n’est pas possible de laisser passer la réaction par article interposé de Sylvain Russo sur esoxiste.com à propos de notre article et sa rédactrice sur le sexisme à la pêche publié le 27 novembre 2017.

Premièrement, il est étonnant et inquiétant de voir que l’auteur d’esoxiste.com ne mesure pas l’impact que peuvent avoir les articles, les commentaires ou les photos postés sur son site. En tant que média d’influence et personnage publique, il est impératif de réfléchir à l’image que l’on renvoie. Il semblerait que c’est quelque chose qui lui échappe complètement. Semblant complètement dépassé par cela, il n’a par exemple pas hésité à ajouter de l’huile sur le feu en répondant à des commentaires douteux sous son article ou en likant des commentaires véhéments voire insultants à propos de notre rédactrice sur ses réseaux sociaux.

Ensuite, on peut se questionner sur l’intérêt de diffuser des images de prétendues pêcheuses renvoyant une image faussée de la pêche… On en a une idée quand Sylvain Russo nous indique que « Juste pour info, l’ article mettant en exergue de jeunes filles en maillot et publié le jour de l’ an est l’un des plus consultés de l’ année ». J’ai d’ailleurs été surpris de voir plusieurs réactions nous accusant de « surfer sur une mode » pour « faire le buzz » alors qu’il est bien plus facile de relayer des photos de femmes dénudées que d’écrire des articles de fond.

Enfin, on peut regretter que dès le début de l’article soit mis en avant le fait que notre rédactrice soit débutante à la pêche, jeune, étudiante en philosophie… Et j’en passe. Faut-il nécessairement pratiquer la pêche pour en faire un constat social ? Ce stratagème, conscient ou inconscient, oriente la lecture de l’article. Il est facile de le remarquer tant la récurrence de ces informations est importante dans les commentaires.

guillemets fermés

Florian Morel – Responsable de la ligne éditoriale de fishare-peche.fr

 

J’ai été vivement critiquée pour avoir cité l’article d’Esoxiste sans l’avoir préalablement contacté. Contacte-t-on réellement nos sources pour demander une autorisation de citation ? Je ne vais pas m’étendre sur ce point qui coule de source mais je vais plutôt me consacrer à répondre point par point aux incohérences de l’article d’Esoxiste :

1-         L’auteur de l’article écrit « Soit, objectivement la femme est pour la plupart du temps dévalorisée à la pêche, c’est une donnée factuelle. » Effectivement, c’est justement le constat que je fais dans l’article. C’est à se demander s’il a réellement lu ce dernier.

2-        « 5 % des pêcheurs sont des pêcheuses, à ce titre elles sont une réelle minorité et même si leur nombre monte à 10 % elle resteront une minorité.  Et dans cette minorité, où faut-il le rappeler c’est la majorité qui compte, se trouve une autre minorité hurlante qui réclame l’égalité. Or, 10 % ne feront jamais 50 % même si on tourne les chiffres dans tous les sens. » J’aimerais sur ce point rassurer l’auteur de l’article : je sais bien compter. La question est de savoir ce que l’on fait de cette minorité. Doit-on l’ignorer ? Ce que met en avant mon article c’est que malgré qu’il s’agisse d’un petit nombre, celui-ci est en droit d’être représenté. Il est important d’insister sur le fait que « la minorité hurlante qui réclame l’égalité » ne se situe pas forcément dans les 5% des pêcheuses : il y aussi des pêcheurs !

3-        « j’exècre le combat « féministe » comme il existe actuellement, ce moralisme extrémiste qui voudrait nous faire tous ressembler à un (e) humain (e), tous semblables, tous pareils alors que ce sont nos différences qui nous font nous apprécier ». Tout d’abord, sur ce point, je ne comprends pas pourquoi il nous inclus dans « ce moralisme extrémiste » car à aucun moment nous ne prenons une position féministe et quand bien même nous l’aurions fait à aucun moment nous ne nous serions permis d’être moralistes et extrémistes : encore une fois nous ne jugeons personne, nous ne disons aucunement que telle ou telle action est bien ou mal, nous nous contentons de montrer que l’image de la femme à la pêche est traitée différemment de celle de l’homme. Ensuite, notre propos ne porte pas sur le sexe, effectivement nous sommes tous différents physiquement et nous ne prétendons pas vouloir une ressemblance sur ce point-là, mais sur le genre. Le genre sert, selon le Dictionnaire Larousse, « à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes ». Nous évoquons tout simplement l’idée qu’il serait sans doute préférable d’arrêter de penser de manière genrée pour ne plus mettre de barrière sociales (et non physiques, il s’agit là d’une autre question) entre les hommes et les femmes.

4-        « Pourtant j’apprécie les très belles choses et une mannequin en bikini posant avec un poisson retient mon attention de pêcheur mâle, il n’y a rien de mal à ça et ce n’est pas parce que j’apprécie ces clichés que je suis un immonde porc. » ; « Là, on me reproche de publier des photos de filles en maillot ». Tout d’abord, et encore une fois, nous n’avons fait aucun reproche ni jugement de valeur, s’il parle de lui comme un « immonde porc », nous ne l’avons jamais fait et ne le ferons jamais. Ensuite, ce dont il parle n’a aucunement été traité dans notre article, il s’agit d’un autre sujet. En effet, nous ne disons aucunement qu’il est mal de regarder une femme dénudée, nous ne parlons pas de la sexualisation de l’image du corps et du regard que l’on peut lui porter, nous disons même que nous pouvons comprendre que cela puisse être un plaisir pour certains hommes mais également pour certaines femmes.

5-         L’auteur de l’article me juge et juge mon article sur ma formation philosophique or cet article n’est aucunement philosophique. Ce n’est pas parce que je suis une formation philosophique que je me comporte comme une philosophe à chaque instant de ma vie. Je ne suis pas philosophe lorsque je vais faire mes courses, je ne suis pas philosophe lorsque je prends une photo, je ne suis pas philosophe dès que j’écris quelque chose, je suis philosophe lorsque je relève des tensions, des problématiques, lorsque je questionne des concepts, pas lorsque je mets en évidence des données factuelles. Or dans l’article sur le sexisme à la pêche, je me suis contentée d’exposer des faits. Bien entendu la question peut être traitée de manière philosophique et sans doute qu’elle le sera plus tard.

Pour finir, je ne comprends pas comment on peut en venir à me juger sur ma personne et sur ma formation en ayant lu cet article. Je ne comprends également pas comment on peut écrire publiquement des choses diffamatoires à mon sujet après avoir lu mon article. Je ne comprends pas comment on peut faire des amalgames de la sorte et s’en servir pour salir la réputation d’une personne. Finalement, à qui devrait-on attribuer la qualité de « vision étriquée » ? La façon dont l’auteur fini son article pourrait peut-être nous aider dans cette question : « Suis-je sexiste, oui ! Suis-je misogyne, phallocrate, féminiphobe ? Non !  Vive le sexisme et même à la pêche. » Finalement, qu’il s’agisse d’ironie, de second degré ou d’une simple réaction agressive et excessive, ou peut-être même sexiste, je ne comprends décidément pas pourquoi cette réponse à mon article a été publiée si ce n’est peut-être pour faire l’objet d’une illustration du sexisme à la pêche.

 © Article rédigé par : Morgane Romero


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