Le sexisme à la pêche

Le sexisme, c'est quoi ?

Si on se réfère à la définition du Petit Larousse, le sexisme est une « attitude discriminatoire fondée sur le sexe ». Mais qu’est-ce qu’une action discriminatoire ? Il s’agit, toujours selon Le Petit Larousse, d’une action qui vise à isoler et traiter différemment certains individus ou groupes entiers par rapport aux autres. De facto, une action sexiste aurait pour conséquence d’isoler et traiter différemment un ou des individus en fonction de leur sexe.

Aujourd’hui encore, nos sociétés, pourtant contemporaines, sont encore bien empreintes de sexisme, que ce soit du côté des femmes comme des hommes, car oui, le sexisme envers les hommes est tout aussi réel que celui envers les femmes. Comme nous l’avons rappelé plus haut, toute action visant à traiter différemment un individu est discriminatoire, et si cette discrimination est en rapport avec le sexe de l’individu, il s’agit bien de sexisme. Dire qu’une activité est destinée aux femmes ou aux hommes serait alors une parole sexiste. En effet, par exemple, les hommes sont libres de vouloir s’épiler et les femmes libres de ne pas le vouloir. Ainsi, en traitant un homme différemment parce qu’il s’épile ou une femme parce qu’elle ne le fait pas, vous agissez de manière sexiste.

Si nous avons tendance à agir de façon sexiste c’est parce que nous vivons dans des sociétés genrées où les individus et les actions sont rangés par catégories. Les médias en sont le reflet : offrez des produits ménagers pour la fête des mères et des produits de bricolage pour la fête des pères. Ou bien offrez une poucette pour votre petite fille à Noël et une voiture télécommandée pour votre petit garçon à Noël en vous référant, bien entendu, aux catalogues où les pages sont respectivement roses et bleues. Il semblerait alors que la société s’organise autour de frontières qui n’ont pas lieu d’être et qui nuisent à toute vision égalitaire en conditionnant dès le plus jeune âge à cette scission masculin/féminin.

Nous pourrions traiter sur des pages et des pages la question du sexisme dans nos sociétés, ce qui pourrait s’avérer des plus intéressants, mais pour cet article, nous allons nous consacrer plus particulièrement sur le sexisme à la pêche.

Le monde de la pêche est-il sexiste ?

Nous avions déjà notre opinion à ce sujet, mais pour rendre l’exercice des plus parlants, nous avons décidé d’aller sur Google Image et de taper dans la barre de recherche les deux requêtes suivantes : « femme qui pêche » et « homme qui pêche ».

Ces deux phrases ont été écrites en anglais, en chinois traditionnel, en japonais, puis en français afin de confronter l’image de l’homme et de la femme à la pêche dans la culture occidentale et orientale.

Résultats en anglais

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Femme qui pêche en anglais

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Homme qui pêche en anglais

Résultats en chinois traditionnel

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Femme qui pêche en chinois traditionnel

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Homme qui pêche en chinois traditionnel

Résultats en japonais

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Femme qui pêche en japonais

résultats japonais "homme qui pêche"

Homme qui pêche en japonais

Résultats en français

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Femme qui pêche en français

résultats français "homme qui pêche"

Homme qui pêche en français

 

Comme on peut le remarquer sur les images, le rapport à la pêche diffère de l’Orient à l’Occident et il apparaît très clairement qu’en Occident nous avons une vision de la pêche genrée. Si en Chine, la vision de la pêche semble plutôt affiliée à la nourriture, au Japon elle apparaît davantage dans un culte de la performance que nous pouvons également retrouver dans nos sociétés occidentales. Néanmoins, ce culte de la performance en Occident apparaît plus clairement dans la catégorie masculine que dans celle féminine, cette dernière étant le plus souvent exploitée pour le plaisir visuel des personnes pratiquant la pêche. Ce que nous pouvons reprocher à cette exploitation de l’image de la femme à la pêche, c’est qu’elle tend à nier l’existence de femmes pêcheuses.

À noter que nous n’insinuons absolument pas qu’une femme ne puisse pas, au même titre qu’un homme, éprouver du plaisir à regarder le corps dénudé d’une autre femme. Le problème que nous cherchons à souligner est le fait que les femmes n’apparaissent, le plus souvent, que sous cette forme dans l’imaginaire de la pêche. Or, si on s’en réfère aux statistiques de la Fédération Nationale de la Pêche en France en 2008, 41 780 femmes ont bénéficié de la carte promotionnelle « Découverte Femme », ce qui représente 4,2% des effectifs adultes. Certes, le pourcentage peut sembler dérisoire, mais est-ce une raison de négliger cette minorité ?

Pour une pêche plus féminine ?

Si le président de la Fédération Nationale de Pêche en France, M. Claude Roustan, explique qu’il espère « dans quelques années atteindre 10% de femmes à la pêche » (Voir site : www.fede-peche31.com > Gestion pêche > Dossier de Presse : La pêche au féminin), il faudrait réussir pour cela à changer les mœurs autour de la pêche mais surtout espérer sortir d’une société de type genrée.

À cause de ce conditionnement dès le plus jeune âge, on aboutit à une société où les personnes sont rangées dans des catégories avant d’être jugées si elles en sortent ou éprouvent simplement le désire d’en sortir. Finalement, nous ne sommes pas loin d’une dictature du genre. Et comme nous l’avons déjà dit plus haut, il suffit de prêter attention à ce que diffusent les médias pour se rendre compte de cela. Pour illustrer notre propos, voici quelques exemples :

la pêcheuse du mois du site Esoxiste

Le média Esoxiste, connu et reconnu par les pêcheurs et pêcheuses de carnassiers, qui sur sa page d’accueil poste des photos de « pêcheuses du mois » ainsi que des articles de fin d’année qui a pour « tradition » (nous citons) d’égayer ses lecteurs avec de nombreuses images de mannequins pêcheuses.

média topito

Le média Topito qui est suivi par près de 2 millions de personnes sur Facebook

On comprend alors que ces médias, parmi d’autres, participent clairement à véhiculer et faire perdurer cette image de la femme dans la pêche. Heureusement, les choses tendent à évoluer grâce, entre autres, aux mouvements féministes (bien que ceux-ci soient à questionner, ce qui ne pourra pas être développé dans cet article), à l’émancipation de la femme mais également aux mouvements LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel, Transsexuel). Cependant, ce travail demeure insuffisant et il est des plus importants de véhiculer auprès des générations futures (mais également de celles présentes) des valeurs égalitaires.

© Article rédigé par : Morgane Romero


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