Le downsizing, une stratégie de pêche efficace !
Le downsizing est une stratégie d’adaptation du pêcheur, visant à réduire la taille du leurre proposé afin de s’adapter à l’humeur des poissons. En effet, les carnassiers peuvent focaliser leur prédation sur des proies de plus petites tailles qu’à l’accoutumée.
Connaissance du milieu
Hausse des températures
La période estivale est souvent synonyme de canicule. Cela exerce un réchauffement naturel de l’eau qui entraîne une diminution du taux d’oxygène dissout. La conséquence peut être une certaine léthargie de la gente piscicole.
Développement des herbiers
En été, l’eau est souvent limpide, et cela contribue au développement des herbiers aquatiques. Leurs croissances se fait en premier sur les bordures peu profondes. Leur densité varie en fonction de la nature du fond. Et, le degré de pénétration de la lumière influence la profondeur jusqu’à laquelle ils vont pousser. Les herbiers offrent des caches, des postes de chasse, de l’oxygène… le pêcheur ne doit jamais les négliger.
Taille des proies
De mars à juin, les poissons blancs comme les carnassiers se sont reproduits donnant naissance à une manne d’alevins. À fin août ils ont grossi pour atteindre une taille entre 3 à 5 cm.
Habitats favoris des alevins
Les alevins affectionnent des bordures peu profondes et/ou encombrées où ils pourront trouver un refuge très vite. Les grands classiques sont la bordure d’une plage en pente douce, une mise à l’eau bateau en milieu urbain, les herbiers. Il est facile de les observer à l’aide d’une paire de lunettes polarisantes.
Le downsizing pour quels carnassiers ?
Tous les carnassiers sont susceptibles de focaliser leurs chasses sur des proies plus petites. Les alevins seront plus ciblés par la perche commune ou le black-bass que par le silure. Néanmoins, il n’est pas rare de piquer un brochet sur un montage drop-shot destiné à la perche.
L’observation : la clef vers le downsizing.
Vous saurez que vous devez mettre en œuvre une stratégie de downsizing en analysant votre pêche.
Mon parcours habituel
J’aime observer régulièrement la rivière et son évolution dans le temps. Je prends des notes sur mon smartphone et les retranscrit sur un carnet de pêche. Le fruit de ces observations m’aide à en comprendre le fonctionnement pour au final prendre plus de poisson. Je traque essentiellement la perche. Les structures susceptibles d’abriter ce carnassier sont nombreuses :
- Haut-fond,
- Bloc rocheux,
- Escalier descendant sous l’eau,
- Cassure,
- Herbier,
- Arbre et autres obstacles urbains immergés.
La taille réduite des postes, à cette époque, fait que j’utilise peu les poissons-nageurs. En effet, ces derniers ne disposent pas de l’espace suffisant pour entrer en action. En conséquence, je monte plus souvent en bout de ligne un leurre souple sur une tête plombée.
Un cas concret pour mieux comprendre
Lors d’une session avec mon pote Nicolas, je constate au bout de 30 à 40 minutes que la majorité des touches aboutissent à un ferrage dans le vide. Elles sont franches mais sans que l’on puisse les concrétiser.
Il nous fallait trouver le petit plus qui permettrait de concrétiser les attaques. En prenant le temps d’observer le milieu, je constatais la présence de nombreux alevins proches de la surface. Leur taille avoisinait les 2 à 3 cm. Ce regroupement de fourrage ne pouvait pas être ignoré des perches qui abondent sur mon secteur. Je cherchais dans ma sacoche un souple se rapprochant le plus dans sa forme et sa couleur à ce fourrage.
C’est ainsi, que je finis par monter un Shad Impact (Keitech) en 2 pouces coloris sexy shad. Cette couleur imitant le mieux les alevins que j’observais. Dès la première coulée je rentre du poisson. La plupart des prises ont le leurre en bord de gueule. J’en déduisais que le modèle en 3 pouces précédemment utilisé ne devait être saisi probablement que par la queue. Et que, dès que nous tendions la ligne, la perche relâchait sa proie. En 2 heures de pêche, ce jour là je capturais plus de 25 poissons.
Se remettre en cause perpétuellement
Il faut sans cesse se questionner, analyser sa pêche pour progresser. Nous avons essayé différent(e)s :
- Coloris pour identifier celui qui assurait le meilleur rendement.
- Plomblées pour comprendre si une animation saccadée ou au contraire planante jouait sur le rendement.
- Montages, certains jours le drop-shot donnait mieux que le linéaire.
- D’identifier la tenue des percidés.
- Profondeurs pour savoir où elles évoluaient.
- Animations (rapide, lente, insistante…) pour les faire réagir.
Nous avons régulièrement tenté de remonter la taille de notre souple. Les leurres en 3 pouces faisaient généralement chuter le nombre de captures, mais ce n’est pas grave si dans le même temps la taille moyenne augmente. Il n’en fut rien ! En un mois, j’ai capturé plus de 360 perches dont quelques jolies prises au milieu de la troupe des petites et moyennes.
Les techniques ou animations gagnantes
Le darting
Le darting n’est pas une technique mais plutôt une animation ayant le don de déclencher l’agressivité des perches. En procédant au milieu d’un banc d’alevins, l’attrait de cette animation n’en sera que plus grande.
Suivant les conditions, il faudra réaliser des animations sèches ou au contraire lentes, proches du fond ou d’un obstacle connu ou repéré avec vos lunettes polarisantes. Certains jours, les touches interviendront sur le fond ou à sa proximité immédiate, et à d’autres moments plus haut dans la colonne d’eau. Le poids de la plombée, permet de rendre le leurre plus planant ou à l’inverse, plus saccadé. Il faut chercher, expérimenter pour trouver ce qui les rend dingues.
Le drop-shot
Mon pote Nicolas est un expert dans ce domaine, j’ai beaucoup appris à ces côtés. Il utilise cette technique tant en prospection que pour insister sur un poste donné. Le plomb est posé sur le fond, et le leurre plus haut de 20 à 50 cm. L’animation se veut insistante, et le leurre moins mobile qu’un leurre animé en darting, il sera plus facilement cueilli par une perche les jours difficiles. On peut opérer :
- à la verticale du poste, par exemple en pêchant d’une embarcation ou à l’aplomb d’un quai en street-fishing.
- en diagonale, en lançant son montage vers le large, et en le ramenant par petites tirées vers soi, un mixte entre le darting et le drop-shot traditionnel.
Je me rappelle d’une session à deux pêcheurs, où dans un herbier à proximité immédiate d’une cassure, nous avons enregistré quelques 60 perches en deux heures de temps.
Le linéaire
- en cranking, il suffit de lancer et de récupérer au moulinet canne à l’horizontale ou basse comme on le ferait avec un crankbait.
- façon mort-manié, la canne scion vers le haut, une succession de tirées suivies de relâchés accompagnés. Je préfère cette animation qui a su décider plusieurs perches, surtout les jours où j’explorais le large en lançant au milieu du chenal de navigation.
Les contraintes du downsizing
Le vent
L’utilisation d’un leurre souple en 2 pouces impose l’usage de petites têtes plombées dont le poids n’excède pas 5 grammes. En présence de vent violent soufflant en rafales, les distances de lancer vont se réduire drastiquement. La plupart du temps, j’en suis réduit à explorer des postes en bordure, presque à mes pieds. Il y a la solution d’alourdir sa tête plombée, mais dans ce cas, on peut modifier fortement l’apparence de la nage. Et enregistrer des refus car la nage n’est pas assez naturelle. Une option possible, pour contrer ce désagrément, est de pêcher en drop-shot. Le poids du plomb peut être important (10 grammes), sans que cela ait de l’influence sur la taille du souple et sa présentation.
La fragilité du leurre
Un leurre souple en 2 pouces est plus fragile que le même modèle en 4 pouces. Cela est encore plus vrai avec un modèle gorgé en attractant. L’attractant est une substance chimique ou un arôme naturel (ail, calamar, anis…) visant à faire garder en bouche plus longtemps le leurre. Il laisse dans l’élément liquide une trace olfactif pour attirer un carnassier.
L’attractant est un avantage indéniable quand les touches sont timides. Lorsque les touches sont plus franches, vous pouvez opter pour un modèle à la gomme dure qui résistera mieux dans le temps.
En conclusion, il faut savoir observer et analyser sa pêche, pour, en l’absence de touches ou en cas de nombreuses touches manquées, savoir prendre la décision de descendre en taille. La période estivale et de début d’automne me semble le moment opportun pour tenter une stratégie en downsizing, en particulier, du fait de l’abondance des alevins.
© Article rédigé par : Franck Labadie
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