Pêche à la surprise à l'insecte artificiel
La pêche à la surprise est la technique estivale par excellence. Toutefois, je vous propose aujourd’hui d’adapter cette technique ancestrale, en remplaçant la sauterelle ramassée dans les champs par des imitations d’insectes en version souple.
Le chevesne, l'espèce principale ciblée
Le chevesne se nourrit proche de la surface à cette période de l’année, en quête d’insectes et autres proies dérivantes. Cette espèce aime se tenir sous ou à proximité immédiate des frondaisons. En effet, elles sont pour lui à la fois une source de nourriture, de sécurité et de confort. Le chevesne vit en banc d’individus de taille similaire, mais il est tout à fait tolérant à la présence d’autres espèces.
La répartition spatiale se fait en fonction de la taille des individus. Les plus petits (- de 15 cm) se tiendront plus particulièrement sur les hauts-fonds, où la faible profondeur leur assure sécurité. Les plus beaux sujets (+ de 30 cm) quant à eux se tiendront sur les postes offrant le meilleur abris et/ou zone de confort. C’est à dire comportant de l’ombre, source de fraîcheur en période caniculaire, de la nourriture, de la sécurité et ne nécessitant pas la dépense de trop d’énergie. Les postes à ne pas négliger : le dessous des frondaisons, les sous-berges creuses, les profonds (fosse ou intérieur d’un virage), les amas de bois morts accumulés par les crues… Les individus de taille moyenne occuperont pour leur part, les postes laissés par leurs aînés, et c’est souvent eux que l’on voit marauder en plein courant.
Le chevesne n’usurpe pas sa méfiance. Il a les sens perpétuellement en alerte, prêt à se saisir promptement d’une proie tombant à l’eau. Il a également la faculté de recracher très vite un appât qui ne lui convient pas, tout comme de fuir à la moindre vision d’un pêcheur, ou à toute anomalie dans son champ visuel très large.
Discrétion dans l'approche
C’est l’un des premiers aspects de cette pêche à la surprise, l’approche doit être irréprochable. Les postes comme pour la pêche de la truite, s’attaquent toujours de l’aval vers l’amont.
Votre tenue vestimentaire
Tout d’abord, sans porter pour autant une tenue de camouflage, vous devez veiller à porter des vêtements aux couleurs pas trop voyantes : marron, vert, gris foncé… en rapport avec les couleurs de la végétation. Il faut vous fondre dans le décor.
Lenteur des gestes
Les gestes se doivent d’être mesurés, effectués avec lenteur, sans hésiter à faire des pauses sans bouger pendant plusieurs secondes. Cela va sans dire, il vous faudra marcher d’un pas léger. Attention, a ne pas faire bêtement rouler une pierre le long de la berge dont le « plouf » sonnera comme une sirène d’alerte pour toute la faune alentour.
Le soleil
Il est préférable d’avoir le soleil face à soi, sinon vous devrez faire attention à votre ombre qui pourra couvrir l’eau et alerter les poissons sur votre présence. Il est bon de se tenir en retrait le plus possible, d’employer une canne longue et de confondre son ombre avec celles des arbres ou arbustes environnants.
La marche du héron
Si vous êtes contraint de marcher dans l’eau, je vous recommande d’adopter la « marche du héron ». Observez cet animal lorsqu’il chasse les alevins ou autres batraciens.
Si l’eau m’arrive au niveau du mollet, j’opère de la même manière qu’un héron. Je sors mon pied de l’eau en douceur, avant de le replonger avec la même discrétion que le héron. Si toutefois, une légère onde se forme, je n’hésite pas attendre plusieurs secondes qu’elle se dissipe avant de faire un autre pas en avant. Ainsi, je peux approcher de très près un poisson ou le poste que je convoite.
Dès lors que l’eau m’arrive presque au genou, marcher comme un héron devient délicat. Alors, j’avance avec des petits pas pour ne pas créer de vague devant moi. Je suis très attentif à poser mes pieds sur un substrat stable, j’évite les zones vaseuses par exemple.
Précision dans vos lancers
Les chevesnes aimant se tenir sous les frondaisons, il faudra la plupart du temps que votre leurre tombe à l’aplomb des feuilles. Pour réussir à chaque fois, il faut être en confiance et se concentrer sur ce que l’on fait.
Si vos lancers sont approximatifs, cela se ressentira dans votre réussite. Il n’y a pas honte à s’entraîner dans votre jardin à viser une assiette en carton que vous placerez sous un massif d’arbustes pour simuler un poste.
Sens de l'eau affûté
J’ai pu constater que lorsque le ciel est couvert, sans soleil, les chevesnes se tiennent peu à proximité de la surface. Néanmoins, ils sont toujours opportunistes, et l’impact de l’insecte tombant sur l’eau peut faire monter un poisson. Si les poissons refusent de monter en surface, j’explore les veines d’eau comme pourrait le faire un pêcheur au « toc ». Il faut être attentif à la moindre anomalie, déplacement latéral de la ligne ou arrêt.
A contrario, lors de journées très ensoleillées, de nombreux poissons sont visibles en surface. Les plus petits sujets maraudent loin des frondaisons, parfois dans très peu d’eau à la recherche d’alevins, mais les sens toujours en alerte. Si vous observez un banc, il vous faut cibler un poisson en particulier, et faire en sorte que l’imitation lui tombe derrière, au niveau de sa nageoire caudale. Le chevesne se retourne alors toujours, par réflexe, pour se saisir de la proie potentielle.
Il faut prendre le temps d’observer, à la recherche d’un gobage, le remous formé en surface donne une indication sur la taille probable de l’individu qui se nourrit. Un gobage c’est également un signe d’une activité orientée vers la surface.
Si vous n’observez aucun gobage, cela orientera votre approche vers l’exploration minutieuse de tous les postes susceptibles d’abriter du chevesne.
Une zone d'ombre et une souche voilà un poste de choix ne pas négliger.
Faire preuve de sang-froid
Il ne faut surtout pas ferrer tant que le poisson n’a pas l’esche en bouche. Il peut y avoir un gros remous sur votre leurre, tant que vous ne sentez pas le poids du poisson, ne tendez pas la ligne ! Je sais que nous avons souvent le mauvais réflexe de le faire. C’est là où votre sang-froid va intervenir.
Une astuce, si votre fil s’est pris dans une basse branche, et que le leurre est sur l’eau vous pouvez opérer un mouvement d’ascenseur de l’imitation. Ainsi, vous allez imiter à merveille une proie qui se débat à la surface, l’impact répété va générer une onde qui va alerter le chevesne de fort loin. A vous d’être patient pour attendre plusieurs secondes, parfois presque une minute avec la touche qui sera le plus souvent violente.
Vous aurez alors peut-être à combattre un poisson avec votre ligne toujours prise dans la basse branche, mais dans 80 % des cas l’attaque libère la ligne de la branche.
Les esches essayées
Woodlouse (Illex)
Sa taille de 30 mm est bien adaptée pour le chevesne, un petit sujet (18-20 cm) arrive sans trop de peine à l’engloutir dans sa large bouche. Son excellente flottabilité, maintient le leurre en surface même s’il est chahuté par une veine d’eau rapide ou un tourbillon. J’ai choisi de l’armer avec un hameçon drop-shot n° 4 de chez VMC (référence 7136). Il se lance très bien à une dizaine de mètres malgré son faible poids (1,1 gramme).
Cricket (Big Bite Baits)
Ce modèle est mon imitation favorite, son faible poids de moins d’un gramme la rend difficile à lancer s’il y a du vent, la distance moyenne avoisine les 7 mètres. Je réserve cette imitation à une pêche de précision à courte distance, idéale en petite rivière très encombrée. Le fabricant l’indique comme flottant, en réalité elle est plutôt coulante lentement. Pour améliorer sa flottabilité, j’ai piqué sur l’hameçon n°10 à hampe droite un petit morceau de liège découpé dans un bouchon de vin. A l’inverse, je peux monter une bille en tungstène pour explorer une veine d’eau entre deux eaux.
Grasshopper (Big Bite Baits)
Ce modèle coule lentement même armé d’un simple hameçon sans lest. Je le monte avec un hameçon n°8 mouche Devaux (référence D830BL-08) sans ardillon, dont la hampe est deux fois plus longue. Je fais ressortir la pointe au bout de l’abdomen. Cet hameçon est en coloris black nickel qui va parfaitement avec le coloris black de ma sauterelle.
Je le destine à la capture des gros chevesnes. Je réserve son usage sur les postes les plus profondes et/ou encombrés où peuvent se tenir de beaux sujets. Tout comme le modèle cricket, il m’arrive de le monter avec une bille en tungstène pour explorer plus en profondeur.
Insecter (Reins)
Ce modèle se lance effectivement très bien et à grande distance, il est le seul leurre pouvant être utilisé avec une canne de puissance Light (2-8 grammes) du fait d’un poids de 2,3 grammes. Il a une excellente flottabilité. Il me m’apparaît toutefois un peu surdimensionné pour traquer le chevesne sur mes parcours, si j’ai bien réussi à déclencher des attaques aucun d’eux n’a réussi à s’en saisir. Pour l’armement, j’utilise un hameçon sans ardillon n° 8 mouche Devaux référence D830BL-08, à la hampe deux fois plus longue.
Je transperce l’Insecter avec un bâton de coton tige pour créer un canal à travers le leurre, ainsi je peux glisser l’hameçon à hampe double, et cacher l’œillet dans le leurre de manière à faire ressortir la pointe. Le coloris nickel black de l’hameçon se confond avec le coloris « smoke » de l’Insecter. Je recommande ce modèle pour traquer en surface, les très gros chevesnes (+40 cm) en street-fishing ou le black-bass.
Le matériel pour la pêche à la surprise
La canne
D’une puissance ultra-light impérativement, c’est à dire capable de propulser un leurre compris entre 0.5 et 5 grammes. Son scion doit être assez souple, action parabolique. C’est cette action qui aide à propulser le leurre à bonne distance et avec précision. Dans notre cas, je dois dire qu’une longueur de 210 cm est un réel atout, elle permet de se tenir en retrait de la berge pour effectuer certaines animations avec discrétion. J’opère avec la canne Wixom 5 RKF 210 UL de chez Caperlan, un modèle très abordable.
Le moulinet
Le moulinet sert plus de réserve de fil, et comme il n’est pas nécessaire d’assurer une animation la vitesse de récupération n’est pas prépondérante. A cette fin, je recommande un petit moulinet en taille 1000 garni en tresse 6/100 ème.
Le bas de ligne
Du fait de l’usage d’une tresse plutôt que d’un nylon, j’y adjoint systématiquement un bas de ligne en fluorocarbone d’une longueur au moins égale à celle de ma canne, en diamètre 16/100 ème pour gagner en discrétion. Le fluoro étant plus lourd qu’un nylon, j’ai volontairement opté pour un diamètre fin mais suffisamment résistant à l’abrasion dans les obstacles et/ou contre les branches en cas de mauvais lancer.
Il est possible d’adopter un bas de ligne en nylon translucide de diamètre 16 à 20/100 ème pour aider à la flottaison. Je n’utilise aucune agrafe car elle contribue à faire couler l’insecte.
© Article rédigé par : Franck Labadie
Laissez un commentaire