Espèces exotiques envahissantes et invasives

Lors de sorties, pour nous faire quelques sensations, admirer de beaux paysages ou au moins se vider la tête et respirer un peu d’air frais, nous croisons des espèces animales et végétales qui viennent parfois de très loin. Les espèces citées proviennent soit de constatations au niveau national, soit de la liste des EEE (Espèce Exotique Envahissante) éditée par l’union européenne (liste complète ici). Cette liste est censée être mise à jour tous les 6 ans et risque donc de s’allonger. En aucun cas la liste que je vous présente se veut exhaustive (j’aurais pu vous ajouter un bon nombre d’espèces dont le fameux frelon asiatique, ou encore l’érismature rousse), les espèces citées étant seulement celles liées aux milieux aquatiques.

Bien sûr ce n’est pas un cours de botanique ni de zoologie que je compte vous dispenser et je vous ferais donc grâce des noms latins, mais je suis certain que quelques espèces vous disent quelque chose.

 

Les espèces végétales les plus connues :

Les Jussies

Jussie

Jussies

Ces espèces se développent en tapis à la surface, provoquant une fermeture du milieu en obstruant l’arrivée de lumière nécessaire à l’écosystème aquatique.

L’hydrocotyle fausse renoncule

hydrocotyle

Hydrocotyle fausse renoncule

Même problématique que pour les Jussies, l’hydrocotyle se développe en amas.

L'élodée du Canada

élodée du canada

Élodée du canada

Cette plante à l’origine ornementale en aquariophilie a rapidement envahi un grand nombre de lacs et de rivières. Malgré ses capacités oxygénantes sa prolifération engendre une augmentation du pH de l’eau qui peut être fatale pour les poissons. Outre cet effet, l’élodée ayant une croissance assez rapide et captant de fortes doses de CO2 et nutriments, elle est une grande concurrente d’autres plantes aquatiques locales qui elles, sont utiles pour le milieu (habitat, nourriture, lieu de ponte ou de refuge…). Elle pullule et forme de grands herbiers envahissant toute la hauteur d’eau. Attention, une simple bouture peut suffire à la formation d’un nouvel herbier en aval.

La renouée du Japon

renouée du japon

Renouée du Japon en bordure de cours d'eau

Grande gagnante dans la catégorie des colonisatrices de milieux, c’est aujourd’hui une vraie « peste verte » qui se propage facilement de par sa croissance rapide et une taille supérieure à bon nombre d’espèces indigènes de la même strate végétale. De plus, ses grandes feuilles et son développement en rhizome induisent une colonisation par taches s’élargissant au fur et à mesure, privant ainsi les autres espèces de l’espace et la lumière nécessaire à leur croissance.

Des facteurs abiotiques (climat, richesse du sol, ensoleillement…) plus favorables que dans son milieu d’origine peuvent aussi expliquer la réussite de cette espèce à s’adapter à son nouvel habitat. Enfin, les milieux d’origine de cette espèce sont, comme tous les écosystèmes naturels, régulés. Entendons par là que toutes les espèces et interactions inter et intraspécifiques de l’écosystème se sont développées ensemble et ont évolué conjointement en s’adaptant à ce qui les entourait. Ainsi le milieu s’autorégule par la présence de germes induisant des maladies, de prédateurs régulant les populations animales et d’herbivores (phytophages) régulant les populations des différentes espèces végétales. Loin de son milieu naturel et sans la présence de ces facteurs limitants, cette espèce exotique envahissante a alors tout loisir de se propager.

Introduite au XIXème siècle à des fins ornementales et fourragères (certains documents parlent même d’un intérêt mellifère important), la Renouée du Japon a aujourd’hui colonisé une grande partie du réseau hydrographique national. Sa dissémination se fait par bouturage, il suffit d’une partie de tige ou de racine pour que la plante se développe à nouveau un peu plus loin. On pourrait la qualifier comme l’hydre végétale moderne, coupez-lui la tête et il en repoussera deux. Il semble néanmoins, selon une étude britannique, que les plants européens et américains ne se développent que par bouturage et non par pollinisation et qu’ils soient issus d’un seul et même individu.

La Jacinthe d’eau

jacinthe d'eau

Jacinthe d’eau

Comme les jussies ou l’hydrocotyle, cette plante finit par étouffer les espèces natives en formant de denses tapis monospécifiques qui bloquent la lumière aux strates inférieures. Son impact est important sur les espèces végétales mais aussi animales en bloquant l’accès à l’eau aux oiseaux ou en empêchant certaines larves d’insectes de remonter à la surface pour leur mue et leur envol.

Les espèces animales :

La moule zébrée

moule zébrée

Moule Zébrée

Bien qu’elle puisse être intéressante pour l’assimilation et la fixation des métaux lourds dans sa coquille, cette espèce originaire de la mer Caspienne qui aurait remonté les canaux via les bateaux de commerce et connue en France depuis le XIXème siècle serait porteuse de parasites infectant les poissons.
Sa présence favorise l’apparition de cyanobactéries qui relarguent des toxines dans les eaux des rivières, ces toxines peuvent alors se révéler dangereuse pour la faune et les usagers des milieux aquatiques. De plus, son développement en tapis modifie le fond des radiers et étouffe les espèces locales en croissant sur celles-ci.

Le Pseudorasbora ou goujon asiatique

 goujon asiatique

Les conditions de son introduction ne sont pas connues mais c’est une espèce originaire de l’Est asiatique. Il est porteur sain d’un parasite qui affecte les espèces de poissons françaises. Il peut facilement être confondu avec d’autres espèces par les pêcheurs (Ides, Ablettes…) ce qui rend la lutte contre sa dissémination très complexe.

La perche-soleil

perche soleil

Perche Soleil

Aussi appelée Crapet-Soleil, cette espèce Nord-Américaine est magnifique mais très vorace. Cette espèce très colorée serait apparue en France par l’aquariophilie et l’échappée ou le lâcher d’individus. Elle consomme un grand nombre d’œufs de poissons indigènes. La perche soleil a un temps d’incubation très rapide puisque les quelques milliers d’oeufs pondus et fécondés peuvent éclore 3 jours après la ponte dans des conditions optimales.
Cette espèce fait l’objet de mesures interdisant les pêcheurs de la relâcher ou de la transporter vivante. De plus, il est interdit de l’utiliser comme vif.

Les écrevisses exotiques

écrevisse américaine

Ecrevisse Américaine

écrevisse du pacifique

Ecrevisse du Pacifique

écrevisse de Louisiane

Ecrevisse de Louisiane

Elles sont responsables de la baisse des populations d’écrevisses locales par transmission de maladies (peste de l’écrevisse) et compétition, et du fait de leur forte population, consomment de nombreux œufs de poissons, notamment du Brochet lors des crues de printemps.

 

Le rat surmulot

rat surmolot

Rat surmulot

Il est aussi connu comme le rat d’égout. Soupçonné d’être à l’origine des épidémies de peste qui jalonnent l’histoire, le rat surmulot a aujourd’hui colonisé l’intégralité du globe (sauf l’Antarctique). C’est une espèce qui pullule rapidement puisqu’une femelle peut avoir jusqu’à 12 petits par portée et 7 portées par an. Cette espèce est synanthropique (accompagnatrice de l’Homme) et c’est pourquoi elle a pu s’étendre grâce aux déplacements humains.

Le rat musqué

rat musqué

Rat musqué

Originaire d’Amérique du Nord, ce gros rat de 20cm a été introduit en Europe au début du XXème siècle dans le but d’exploiter sa fourrure. Échappé des élevages, il s’est vite adapté aux milieux aquatiques Européens. Il cause des dégâts très importants aux berges des cours d’eau qu’il sape en creusant ses galeries.

Le Ragondin

ragondin

Ragondin

D’origine Sud-américaine, ce gros rongeur a été introduit en Europe là aussi pour sa fourrure à partir du XIXème siècle. Il lui est reproché une surconsommation de certaines plantes aquatiques locales, une destruction des nids d’oiseaux et de gros dégâts aux cultures. Il est aussi vecteur de maladies telles que la douve du foie ou la leptospirose. Garde aux chiens qui peuvent facilement attraper ces maladies par l’urine des rongeurs.

L’amour blanc

amour blanc

Amour blanc

Cette carpe asiatique, introduite dans un but de contrôle de certaines plantes devenues invasives est elle même devenue envahissante. Bien qu’elle puisse nous procurer de belles sensations, ce poisson est responsable de la régression d’herbiers de plantes locales puisqu’il peut ingérer l’équivalent de son poids en une journée.

Le carassin doré

carassin doré

Carassin doré

Venant de Chine, cette espèce est l’ancêtre du fameux “Maurice”, le poisson rouge que tout le monde a dû voir ou avoir au moins une fois en aquarium. Il lui est principalement reproché son croisement avec le carassin commun ce qui pourrait causer des problèmes de pérennité à l’espèce commune de nos rivières et une dérive génétique des carassins européens.

Le gobie à tache noire

gobie à tâches noires

Gobie à tache noire

Ce poisson euryhalin (qui vit autant en eau douce qu’en eau de mer) serait un compétiteur hors pairs pour les espèces indigènes en consommant la même nourriture que certains poissons blancs et serait responsable de la baisse des populations de poissons patrimoniaux puisqu’il se nourrit également des œufs et des jeunes de poissons indigènes. Il aurait été introduit par le déballastage de porte-conteneurs et aurait remonté les estuaires pour coloniser les rivières. Sa présence est encore faible en France mais pourrait vite s’intensifier.

Le poisson chat commun

poisson chat commun

Poisson chat commun

Le petit cousin du Silure, originaire d’Amérique du Nord serait responsable de dérèglements écosystémiques. Son activité sur le fond des rivières et étangs augmenterait la turbidité de l’eau ce qui réduirait la production d’oxygène des plantes aquatiques. De plus il déstabilise les substrats et les macrophytes aquatiques et serait un grand consommateur d’œufs et de larves de poissons. Il est aussi porteur de parasites et de virus affectant les autres poissons tels que l’anguille ou la carpe qui côtoient la même strate d’eau et ont le même comportement alimentaire (nourrissage principalement sur le fond). Il a une durée de survie hors de l’eau qui dépasse de loin la moyenne atteinte par les autres espèces.

Prenez garde à ce poisson qui dispose d’ergots sur ses nageoires dorsales et pectorales entraînant une blessure douloureuse et potentiellement infectante, j’en ai fait l’expérience et ce n’est pas agréable.

Réglementairement, il est interdit de relâcher un poisson chat commun vivant ni de le transporter afin d’éviter sa propagation et de maîtriser sa population.

Les tortues de Floride

tortue de Floride

Tortue de Floride

Originaire des Everglades, cette espèce vorace et omnivore peut très fortement impacter les écosystèmes en réduisant les populations d’amphibiens ou de gastéropodes.

Bien qu’elle ne semble pas se reproduire au Nord de la Loire du fait de conditions climatiques moins optimales (eh oui, pour une fois qu’on peut être avantagés face aux sudistes !) c’est aussi une espèce qui menace la Cistude d’Europe en monopolisant les emplacements de basking (quand un reptile se dore la pilule afin de se réchauffer) et en étant une compétitrice redoutable dans la course à la nourriture. C’est une espèce reconnue vectrice de salmonelles donc lavez-vous bien les mains après contact. Evitez aussi de lui tendre les doigts, sa mâchoire dispose d’une sacrée force.

Le goujon de l’Amour

goujon de l'amour

Le goujon de l’Amour

Ce poisson originaire d’extrême orient a été introduit par le biais de l’aquariophilie. Il affectionne particulièrement les cours d’eau à écoulement lent ou les milieux lentiques tels que les plans d’eau ou les mares. Proche de la famille des Percidés, il partage quelques caractéristiques physiques avec la perche commune notamment la tête et la bouche.

La grenouille taureau

grenouille taureau

Grenouille taureau

têtard grenouille taureau

Têtard de grenouille taureau

Cette énorme grenouille d’Amérique du Nord est présente dans les pays d’Europe de l’Ouest et se révèle très impactante pour la faune inféodée aux zones humides et aux annexes hydrauliques telles que les mares. La taille des têtards est impressionnante et peut atteindre la dimension d’une main adulte, d’où le fait que peu de prédateurs sont capables de réduire la population de juvéniles. Le nombre d’œufs pondu est aussi très surprenant (jusqu’à 24 000 œufs une à deux fois par an). Les têtards sont omnivores et consomment insectes aquatiques, mollusques, œufs de poissons et de grenouilles indigènes. Les adultes sont tout aussi redoutables pour les espèces européennes et peu de prédateurs s’attaquent à ces amphibiens mastodontes.

L’ibis sacré

ibis sacré

Ibis sacré

Cet oiseau échassier est d’origine d’Afrique subsaharienne et était présent en Egypte où il était vénéré comme l’incarnation d’un dieu à l’époque des pharaons. Cette espèce a été involontairement introduite dans l’Ouest de la France dans les années 90 suite à l’échappée d’un groupe d’oiseau du parc zoologique de Branféré en Bretagne. Très vite adapté du fait de leur acclimatation en parc, il se révèle aujourd’hui impactant pour l’écosystème en ayant des actions de prédation sur les populations de sternes. Un impact sur les civelles (jeunes anguilles) est aussi évoqué. 5000 individus auraient été recensés en France aux alentours de 2008. Cette espèce semble néanmoins être une prédatrice des écrevisses de Louisiane, autre espèce exotique envahissante, de plus elle stabilise les populations de spatule blanche, espèce protégée au niveau national. Les avis sont assez disparates pour cette espèce et il n’a donc peut-être pas sa place dans cette liste, mais il paraissait intéressant de vous le présenter tout de même, qu’il soit invasif ou non.

Des espèces exotiques non invasives ?

D’autres espèces sont quant à elles présentes depuis plusieurs décennies et ont établi des relations à peu près stables avec leur milieu.

Le sandre

sandre

Sandre de 53cm (~1.5kg) pris par Tatiana Da Silva

C’est le cas par exemple du Sandre originaire d’Europe de l’Est. Remontant les canaux, il a fini par coloniser une bonne partie des rivières d’Europe. Ce formidable chasseur est naturalisé et s’est adapté à nos cours d’eau. Il a un impact moyen sur les populations locales, il semblerait même qu’il permette d’éliminer les poissons malades ou trop vieux, redynamisant ainsi les populations.

Le Black Bass

black bass

Black bass de 53cm (~2kg), Charente Maritime, pris par Yohan Boujon

Comme son nom à consonance anglo-saxonne l’indique, le Black Bass (ou Achigan à grande bouche) est originaire d’Amérique du Nord où il est l’équivalent de notre perche commune.
Introduit à la fin du XIXème siècle à des fins de pêche sportive, il s’est acclimaté à nos écosystèmes aquatiques et ne semble pas provoquer de perturbations majeures au milieu et aux espèces indigènes mis à part peut-être dans certains écosystèmes sensibles.

Le silure glane

silure glane

Silure de 2m17 (~80kg) pris sur le Tarn par Adrian Cateau

Enfin, le dernier exemple a fait couler beaucoup d’encre et a été le centre de nombreux débats. Il s’agit bien-sûr du Silure glane.

Bien que les pêcheurs qui le ciblaient lors de leurs sorties nature le défendaient promptement, et à juste titre, du fait de sa capacité à nous donner la tremblote avec ses coups de têtes et sa taille de mastodonte, le plus grand poisson d’eau douce présent en Europe s’est aussi fait mauvaise presse de par son comportement vorace et charognard. Ce mastodonte originaire d’Europe de l’Est serait présent en France depuis les années 50 (date des premières captures) et aurait remonté les canaux, mais il est aussi cité dans des ouvrages remontant parfois au moyen âges peu vérifiables de nos jours. Il aurait pourtant (selon une discussion avec un garde fédéral) été introduit et maintenu dans des bassins d’élevage tenus par des moines à l’époque du haut moyen-âge, origine de son arrivée en Europe occidentale ? Peut-être…

Accusé de manger les pigeons, les canetons et parfois même de petits chiens, bien que ce ne soit que des actes isolés d’individus qui semblent s’être spécialisés dans la chasse de proies positionnées au bord de l’eau, le Silure a fait l’objet de campagnes sauvages d’éradication. C’est surtout un carnassier opportuniste qui ne dénigre aucune source potentielle de nourriture, aucun comportement commun avec celui qui a longtemps été considéré à tort comme “les dents de la mer” par la plupart des gens, le requin n’étant d’ailleurs pas un grand tueur d’Homme. Face à cette opposition au sein de la communauté des pêcheurs, des études ont été réalisées notamment par l’ONEMA (aujourd’hui AFB). Il apparaît aujourd’hui que même si le Silure peut, à des endroits localisés, être en cause dans la baisse des populations de certains poissons (l’alose par exemple), la prédation qu’il exerce semble là aussi redynamiser les populations en éliminant les individus malades et ceux trop vieux et donc moins féconds. Ce poisson a, comme tout prédateur, un impact sur les populations piscicoles mais le rendre responsable de la disparition de certaines espèces patrimoniales serait trouver facilement un bouc émissaire permettant d’occulter d’autres causes plus anthropiques. De plus il semble réguler sa population par cannibalisme, les gros consommant les plus petits. Ce sujet étant encore récent, d’autres études devraient voir le jour pour évaluer son impact sur les poissons migrateurs par exemple qui exténués après avoir remonté les rivières, deviennent des proies faciles pour ces monstres d’eau douce.

Autre point à aborder :

Ici, comme vous pourrez le voir, le sujet ne fait pas l’objet d’un consensus de la part des scientifiques ni des gestionnaires et j’exprime plus une interrogation ou un point de vue sur la question :
En France, deux modes de gestion s’appliquent en première catégorie. La gestion patrimoniale permet de préserver l’habitat des salmonidés (migrateurs ou non) et maintenir, voire agrandir l’intérêt qu’ils portent aux rivières qu’ils occupent. La gestion halieutique a une vision plus anthropocentrique et favorise plus l’intérêt du pêcheur et de la ressource piscicole en lui proposant des truites exotiques issues d’élevages : les truites Arc-en-ciel.

Ces truites originaires d’Amérique du nord entrent en compétition avec les salmonidés indigènes en fréquentant les mêmes postes de chasse, et en visant les mêmes proies que la truite fario. L’Arc-en-ciel dispose même d’un avantage sur la fario car elle dispose d’un mode de vie plus grégaire (vie en groupe) la protégeant des prédateurs et d’un taux de croissance plus élevée que sa cousine européenne. La qualité des eaux étant de nos jour pas trop au beau fixe, cette compétition entre espèces vient s’ajouter aux autres facteurs et rend les lieux propices au développement de populations en bonne santé de truites fario encore plus rares.  Bref, une sale période pour les farios…

De plus, selon une étude du CNRS venant de sortir, les truites d’élevage introduiraient du mercure d’origine océanique (capté via leur nourriture en granulés produits à partir de farine de poissons), dans les lacs de haute montagne (et donc surement aux rivières) s’accumulant et s’ajoutant de ce fait aux pollutions atmosphériques. Pas forcément la meilleure presse pour la gestion halieutique.

Exotique signifie-t-il nocif pour les écosystèmes ?

L’Homme est fortement responsable de l’apparition d’espèces exotiques de par ses activités, sa négligence ou encore son insouciance. Bon nombre d’espèces ont été ramenées pour l’ornement ou par appât du gain. Aujourd’hui, ces perturbations d’origine anthropique s’accentuent et se révèlent très coûteuses autant écologiquement qu’économiquement. Exemple flagrant : l’introduction de 12 couples de lapin en Australie en 1859 par un chasseur britannique, ayant pour impact la fragilisation des espèces marsupiales indigènes et la propagation de maladies coûte encore aujourd’hui au pays énormément d’argent en aménagement et en préservation de leur patrimoine faunistique.

Néanmoins, si la plupart des espèces exotiques deviennent invasives, ce n’est pas une obligation car une espèce exotique n’impacte pas forcement négativement le milieu dans lequel elle a été introduite, l’autre possibilité étant une neutralité en termes d’effet sur l’écosystème ou une amélioration de celui-ci (l’accentuation de la prédation peut par exemple réduire une ou des populations d’espèces, limitant le risque d’apparition et de transmission de maladies). De plus, une espèce peut se révéler impactante dans quelques milieux fragiles et n’avoir aucun impact significatif dans d’autres écosystèmes. Enfin, une espèce exotique peut très bien se naturaliser, c’est à dire équilibrer les relations (prédation, compétition…) qu’il entretient avec les autres espèces du milieu considéré et réguler sa population.
Le caractère nocif est donc parfois très relatif, bien que dans la plupart des cas l’arrivée d’une espèce exotique entraîne des répercussions (parfois temporaires) sur le milieu considéré.

En tout cas, ces espèces sont, hormis quelques exceptions, des épines dans le pied que l’Homme s’est enfoncé lui-même et qui ont provoqué (et provoquent encore) des altérations quasi irréversibles des milieux naturels en modifiant les équilibres et les relations au sein des écosystèmes et en fragilisant les habitats d’espèces natives patrimoniales, les mettant de ce fait en danger.

© Article rédigé par : Léo Salvini

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