Comment reconnaître une frayère à truites ?
Le frai chez la truite a lieu en fin d’automne/début d’hiver. Les poissons construisent des frayères qui assurent à la fois la protection et la bonne oxygénation des œufs. Ces zones se situent souvent en fin de zone calme, en tête de radier où la pente et le courant s’accélèrent, dans 5 à 50 cm d’eau. En creusant dans le fond de la rivière, les truites enfouissent leurs œufs sous une dizaine de cm de petits graviers et galets, de 1 à 5cm de diamètre en général. Une fois terminées, les frayères sont composées d’un dôme allongé sous lequel se trouvent les œufs, et d’une petite fosse juste en amont. Plus les truites sont grandes, plus elles enfouissent leurs œufs profondément (jusqu’à plus de 20 cm), et mieux ils résistent aux crues !
Notons que certains poissons peuvent creuser leurs frayères dans des zones latérales protégées du courant ou à l’abris derrière des blocs, c’est le cas par exemple dans des torrents de montagne à forte pente. Cela permettrait d’éviter la destruction de toutes les frayères lors de crues violentes.
Schéma type d'une frayère à truite (FDAAPPMA 87 d’après OTTAWAY et al. -1981, et REISER et al., in FRAGNOUD, -1987)
En plus des petits reliefs, on peut apercevoir une ou plusieurs taches claires là où les poissons ont creusé leurs frayères. La taille de ces tâches est proportionnelle à la taille des poissons qui se sont reproduits : d’une feuille A4 pour des poissons de 25cm jusqu’à plusieurs m² pour des poissons de plus de 60cm. Donc évitons de piétiner ces endroits propices ! (= zone assez peu profonde, avec au fond des petits graviers/galets, généralement en début de courant).
Exemples de frayères à truites
Une frayère à truite d'une rivière Lyonnaise, la Turdine, creusée peu de temps après la suppression d’un seuil qui envasait et asphyxiait entièrement l’amont de la rivière
Cela dit, l’impact d’un homme reste très limité (faible surface de contact avec le substrat, poids assez réduit en général par rapport à une vache qui viendrait s’abreuver par exemple…). Voici ce qui joue vraiment sur les quantités d’alevins produits lors d’une année donnée, en l’absence de pollution qui colmate les nids, de manœuvre de vannes de barrage qui mettent hors d’eau les frayères, etc… :
- Avant tout, les débits et notamment lorsque les alevins sortent des frayères. Cela se produit entre mars et mai dans beaucoup de cas (cela dépend de la température de l’eau). Ils sont très vulnérables à ce moment-là car leur capacité de déplacement est faible, et des crues à cette période précise anéantissent les pontes. Les débits d’été, période critique pour les futurs géniteurs, conditionnent également l’état de forme des reproducteurs : il faut qu’ils puissent emmagasiner suffisamment de réserves pour produire leurs gamètes, ce qui n’est pas le cas lors d’étés chauds et secs par exemple.
- La compétition et le cannibalisme… si les alevins de l’année (que l’on appelle « 0+ ») sortent sans mal de leur frayère, ils vont affronter leurs grands-frères et grandes sœurs de l’an passé, plus ou moins nombreux pour les mêmes raisons et qui fréquentent souvent les mêmes postes dans la rivière. Dans ce cas, priorité aux aînés qui ne manqueront pas de dévorer quelques alevins au passage…
Évolution des quantités d’alevins de truites farios sauvages mesurées sur 40 stations de pêche électrique dans le département du Rhône
Pour ces raisons, la reproduction de la truite est très variable et les seules conditions environnementales font varier les quantités d’alevins d’une façon étonnante entre les années : il peut y avoir 10 fois plus de truitelles d’une année sur l’autre !
Pour terminer cet article, voici une superbe série de photos mettant en scène la reproduction des truites, signées Alain Gaudiau, président de La Fario AAPPMA.
© Article rédigé par : Jean Pierre Faure
© Photos : Alain Gaudiau
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